L'impact économique de l'augmentation de la température en Suisse

Une étude a récemment chiffré les impacts économiques de la perte de productivité en Suisse dus à la hausse des températures. Le résultat est sans appel, l'inaction coutera cher!

Contexte

Selon l'OFEV, l'évolution des températures dans un monde sans maitrise du réchauffement climatique, dans un scénario à l'échelle mondiale de fortes émissions de gaz à effet de serre, nous conduit à une nette multiplication des journées de canicule.

Actuellement limitée à un seul jour par été en moyenne, elles pourraient se produire 15 jours ou plus en 2060 lors d'étés typiques en basse altitude. L'augmentation des températures maximales pourrait être de 5.5°C par rapport à aujourd'hui !

Parmi les conséquences de cette hausse des températures, une baisse de productivité est associée aux impacts sur la santé humaine, ainsi qu'aux mesures qui y sont associées pour protéger la population.

Une étude a cherché à évaluer les impacts économiques de ces hausses de températures. Sans surprise, celles-ci touchent en premier lieu les métiers à forte activité physique à l'extérieur (construction, agriculture), mais également les métiers à faible activité physique à l'intérieur !

Si la température moyenne journalière (moyenne de toutes les mesures effectuées pendant 24 heures) atteint 25 °C ou plus pendant au moins trois jours consécutifs, MétéoSuisse parle de canicule ou de vague de chaleur.

Impacts

Evaluer l'impact de la hausse des températures sur la productivité nécessite :

  1. de qualifier le lien entre température et perte de productivité, et de déterminer des seuils de perte de productivité
  2. de connaitre l'exposition des travailleurs à ces hausses de températures, selon leur activité et leur localisation
  3. de calculer le nombre d'heures perdues, en relation avec les revenus associés à ses activités

Pour pouvoir évaluer l'impact de la chaleur tant à l'extérieur (météo) qu'à l'intérieur, les chercheurs ont modélisé un bureau type et y ont simulé les conditions climatiques selon les évolutions prévues dans les principaux scénarios climatiques suisses. 

L'exposition à ces hausses de température est déterminée grâce à la répartition spatiale des travailleurs et travailleuses à l'échelle de la Suisse. Chaque catégorie de travail 

Les impacts des conditions climatiques, et en particulier de la chaleur, ont été constatées sur le terrain ainsi que dans la littérature scientifique. Sur cette base, il est donc possible d'estimer la perte de productivité dans différentes situations de température intérieure ou extérieure.

En fonction des conditions locales de températures (disponibles grâce aux scénarios climatiques CH2018), et de leur influence sur la capacité ou non à travailler efficacement, il a été possible de comptabiliser le nombre d'heures de travail perdues par catégorie, et donc le salaire non perçu.

Les résultats révèlent l'ampleur des pertes économiques associées aux vagues de chaleurs, tant aujourd'hui que dans les différents scénarios climatiques.

Coûts annuels de la perte de productivité en Suisse

A titre de comparaison, la grippe saisonnière:

  • 100Mchf de couts direct pour la santé
  • 200Mchf de couts indirects liés aux absences maladie

Les impacts économiques actuels des vagues de chaleur (665Mio Chf/an) sont déjà supérieurs à ceux de la grippe saisonnière.

En 2050, les couts augmenteront de 8% dans le cas d'un scénario optimiste à 65% dans le pire des scénario, pour atteindre 1,1Mrd CHF!

Conclusion

Une telle étude apporte des informations précieuses au débat public sur plusieurs aspects:

  • permettre de rendre concret les impacts des vagues de chaleurs, en particulier auprès des décideurs économiques
  • permettre de comparer les coûts de l'action (mesures de réduction des émissions) vs les coûts de l'inaction
  • mettre en avant le besoin d'adaptation tant au niveau infrastructurel (planification territoriale, construction) qu'organisationnel (prévention, réglementation, etc.)

De plus, la spatialisation des résultats et des pertes permet aux acteurs locaux de se saisir de ces enjeux et de proposer des réponses contextualisées, de manière à adapter leurs territoires.